L’impression 3D, un bouleversement dans l’industrie de l’armement

Avec une imprimante 3D de bureau, une personne peut potentiellement se transformer rapidement en armurier d’un nouveau genre.

Certes, les parties les plus importantes comme le canon ou la platine d’une arme sont plus difficiles à imprimer en 3D par une imprimante 3D de bureau. Ces pièces requièrent une grande résistance et les pièces imprimées en 3D sont souvent détériorées après un ou plusieurs tirs.

Cependant, en 2013, un fabriquant américain a mis en ligne les modèles 3D des pièces permettant la fabrication d’un pistolet en plastique, capable de tirer à balle réelle : le Liberator (cf exemple ci-dessous). Depuis, de nombreux cas d’armes imprimées en 3D font la une de la presse tandis que les fabricants écopent d’années de prison.

Un journaliste a d’ailleurs essayé de fabriquer une arme depuis son bureau, sans avoir de connaissance technique. Il raconte son aventure en détail dans cet article de Wired (en anglais). Il a pour cela utilisé une fraiseuse CNC de sa conception appelée Ghost Gunner.

Exemples : des armes à feu, pistolets et revolvers imprimés en 3D

En mai 2013 Cody Wilson réalise une démonstration de la première arme imprimée en 3D. Il s’agit d’un pistolet en plastique appelé Liberator, conçu et fabriqué par Defense Distributed.

Le Liberator .038 est imprimé entièrement en 3D en ABS, à l’exception d’un simple clou qui sert de percuteur.

Cody Wilson, inventeur du pistolet imprimé en 3D The Liberator.
Cody Wilson, inventeur du pistolet imprimé en 3D : le « Liberator »

En août 2013, un Canadien surnommé « Mathew » imprime en 3D un fusil Grizzly calibre .22.

En septembre 2013, l’organisation Hexen fabrique le Reprringer Pepperbox calibre .22. Cette arme contient cinq cartouches dans son barillet imprimé en 3D.

En Novembre 2013 Solid Concepts, maintenant une filiale de Stratasys, imprime en 3D un pistolet en métal.

Le Browning 1911 Metal Replica a tiré plus de 600 balles sans aucun problème.

En mai 2014, le Japonais Yoshitomo Imura imprime en 3D et tire avec un revolver Zig-Zag de calibre .38. Il sera plus tard arrêté et condamné à deux ans de prison pour possession de quatre armes imprimées en 3D.

Pistolets en plastique imprimés en 3D, saisis lors de l'arrestation de Yoshitomo Imura en 2014 à Tokyo.
Pistolets en plastique imprimés en 3D, saisis lors de l’arrestation de Yoshitomo Imura en 2014 à Tokyo.

En juillet 2014, un Américain surnommé « Buck O’Fama » imprime en 3D la platine d’un pistolet Ruger Charger semi-automatique calibre .22. 

Le Ruger Charger peut être équipé de chargeurs de trente balles. « Buck O’Fama » a tiré avec succès un chargeur entier avec son pistolet imprimé en 3D.

En mai 2015, un Américain surnommé Derwood, imprime en 3D un pistolet semi automatique appelé le ‘Shuty’. Le Shuty combine le design d’un AR-15 et d’un P.A. Luty.

Il utilise le canon d’un Glock tandis que le chargeur, la poignée et les platines sont entièrement imprimés en 3D.

En Septembre 2015, un étudiant appelé Chris, imprime en 3D un revolver semi automatique à 6 canons qu’il baptise le ‘Yoshee Six Shooter’. Le Yoshee Six shooter est capable de tirer 6 coups sans recharger. Il est constitué d’une poignée, d’un ressort et d’un barillet imprimés en 3D. Une vis en métal est utilisée comme percuteur pour les balles d’un calibre .22.

En Novembre 2015, un élève ingénieur appelé James Patrick a construit un pistolet imprimé en 3D qui utilise un élastique et un clou pour tirer des balles de calibre .22. Ce revolver imprimé en 3D porte le nom de PM522 Washbear et peut contenir 6 ou 8 balles qu’il est capable de tirer à la suite. Il ne s’agit pas de la première arme imprimée en 3D par Patrick qui à précédemment réalisé un modèle à un coup baptisé le Songbird.

En janvier 2016, le désormais célèbre Derwood, imprime en 3D sa dernière création, un nouveau pistolet semi automatique 9 mm appelé cette fois-ci ‘Shuty MP-1’.

Le Shuty MP-1 combine 95% d’éléments imprimés en 3D. Les 5% restant sont les pièces les plus complexes, telles que ressorts, canon (cette fois issu d’un Glock du commerce) ou encore ressorts.

Loi et régulations des armes à feu, pistolets et revolvers imprimés en 3D

En 2013, le Royaume-Uni instaure des réglementations strictes à l’encontre des armes à feu et pistolets imprimés en 3D, les rendent illégaux à créer, acheter ou vendre.

En Novembre 2015, le parlement du New South Wales, un état Australien, à promulgué une des lois les plus restrictives au sujet des armes imprimées en 3D. Cette loi intitulée Firearms and Weapons Prohibition Legislation Amendment Bill 2015, a pour objectif de poursuivre et pénaliser les détenteurs de fichiers d’armes à imprimer en 3D, aussi bien que les possesseurs d’armes imprimées en 3D. La sentence prévue par le code pénal est aussi dure que celle qui s’applique aux détenteurs d’armes illégales, jusqu’à 14 ans de prison.

En juillet 2016, l’Etat de Californie fait passer une loi, exigeant que toute personne fabriquant ou assemblant des armes chez lui entre en contact avec le « Department of Justice » afin d’obtenir un numéro de série ou une marque d’identification pour les armes créées.

En Asie, plusieurs pays ont légiféré sur l’impression d’armes en 3D, notamment Singapour où la possession d’un pistolet imprimé en 3D est passible de la peine de mort.

En 2017, le gouvernement Chinois a mis en place la régulation dite de Chongqing pour obliger tout fabricant utilisant l’impression 3D à s’enregistrer afin d’éviter que cette technologie ne soit utilisée pour produire des objets illégaux tels des armes à feu.

Depuis le 1er août 2018, le département d’état américain a de nouveau autorisé la société Defense Distributed à publier des plans pour l’impression 3D d’armes à feu. Aux Etats-Unis, cela signifie que tout individu est à présent autorisé à publier librement des plans et autres documents techniques portant sur des armes imprimables en 3D.